dimanche 29 mars 2009

Signifier l'improbable. La drague. - by Florian B.

J'aime draguer. J'aime être dans la situation où rien n'est assuré mais où le feeling laisse présager une possible victoire. Tiens, prends un exemple... Boîte de nuit bondée, 3 heures du matin, filles plutôt dévergondées, barmaids dans le jus, sol crade... Et bien j'aime. Du fond de mon assise, le verre de vodka pomme à la main, je contemple et m'enivre de cette ambiance idéale. Où est la drague ? Attends, ne soit pas si impatient. Le tout est de se montrer patient, je ne suis pas assez crevard pour me jeter sur le dance floor surchauffé (climatisation absente, été brûlant, corps transpirant pour les uns, attitude et style impeccable pour moi et d'autres). Savoir trouver l'instant, qui ne se présentera qu'une fois... Il faut savoir que cet instant ne se présente qu'une seule fois par soirées, qu'il est volatile et parfois absent. Il faut savoir que je tente de m'ériger en maître en ce qui concerne cet instant magique, opportun, où le mannequin directement sorti de chez BIBA manquera de trébucher, fera presque tomber son téléphone portable PRADA. Mes sens, plutôt exacerbés par les quelques verres siroté avec allégresse durant le déroulement de cette nuit si belle, ne sont qu'observation. Mademoiselle, fatiguée par ses heures de bougeottes, écoeurée par l'odeur de cigarette émanant du fumoir dont la porte a cesser de se refermer depuis 23h48, las de tous ces garçons abjectes qui se mettent à danser un bras en l'air autour d'elle avec un sourire débile depuis qu'elle a oser mettre un pied sur ce sol gras voilà 4 heures, se présente à moi, le corps meurtri par l'alcool, le coeur ravagé par son ex qui se tape sa meilleur amie depuis trois quarts d'heure. Elle regarde son portable, l'oeil brillant, le fond de teint moite, le rimmel disparate. En seigneur que je ne suis pas, je lui jette un regard agacé, comme pour la provoquer, lui faire comprendre que les mecs sont tous des cons, sauf peut être moi. Peut être... Et c'est à partir de ce peut être, judicieux et futile, que notre conversation va débuter. Elle me regarde maintenant avec un peu plus d'insistance qu'auparavant. Je fronce le trait, manipule avec précaution mon graal de plastique, puis me laisse glisser avec élégance sur le cuir bousillé du canapé qui me sert de perchoir pour me rapprocher, doucement mais sûrement à l'image d'un rapace intelligent observant sa proie, pour venir lui coller un mot nauséabond au creux de l'oreille. "Arrête !". D'un coup, son regard m'accuse et me condamne, mais son oeil brillant et fragile ne fait pas le poids face à mon attitude lointaine, comme absente. Et elle renchérit, la voix criarde voir agaçante. "C'est un connard, c'est tous des connards". Je ne bronche pas. Au maximum une petite moue insignifiante. Elle a trop regardé les catalogues, elle a trop maté les Walt Disney, la gamine. Elle a quel âge ? Putain si elle va sur ses 20 ans c'est le bout du monde. Sa jupe trop courte lui donne des airs d'écolière prostitué de force par un père tyrannique et obsédé, sa frange carré me permet finalement de comprendre que Kate Moss a quelques fans sur Terre, dans le bas monde. Ce sont ses talons, d'une finesse remarquable, qui me convaincront d’accélérer la partie. Enchaînant sur des conversations toutes aussi empruntes d'une culture et d'une connaissance qu'elle n'a pas, je l'impressionne et l'enseigne autant que je l'imprègne de moi. Je me présente, bien évidemment, écrivain dont les textes ne peuvent être publié tant ils sont mauvais, et je lui redonne le sourire. Ceci est le deuxième point que je marque : imposer mon style et lui rendre ce sourire divin qu'elle a perdu en même temps que les 15 euros de l'entrée, voilà quelques heures. Elle s'installe à mes côtés, et notre conversation semble prendre le dessus sur le brouhaha désagréable mais néanmoins utile quelques fois, quand mon parler tremble ou que ses lèvres bégayent. Nous nous plaisons. Ou plutôt devrait-je dire, j'ai réussi à lui faire rendre compte que je pouvais lui plaire, car je savais pour ma part du début que cette fille me plairait. Elle est magnifique, elle a de la prestance et de l'élégance, bien que diminué par son taux d'alcoolémie. Il ne lui manque qu'un phrasé efficace, une spontanéité originale, des idées nouvelles, en bref pas mal de choses que je peux lui apporter. Nous sommes fait l'un pour l'autre, il est maintenant 5 heures. Le club va fermer, elle est toute fière de se montrer à mon bras, traversant la salle un sourire naturelle éclairant son visage immaculé. Elle est à moi, et je dois avouer que je suis à elle. J'ai réussis, elle est ravie. C'est ça, la drague.